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Valeria Bucefari


A l'âge de trois ans, Valeria voyageait déjà avec son petit sac contenant crayons de couleurs et papier à dessin. Elle a puisé ses premières inspirations dans les beaux livres qu'achetait sa mère et réalisé ses premières copies d'après les dessins de Leonardo et des grands peintres de la Renaissance.
Plus tard, si ses études littéraires l'ouvrent à d'autres mondes, l'art la préoccupe toujours. Elle fréquente les ateliers d'amis artistes avant que ne s'impose sa propre expression, une œuvre où cirque et théâtre sont revisités comme autant de métaphores de la vie. Valeria mêle ces deux univers en nous rappelant  que les acrobates, les clowns ou les comédiens faisaient partie des mêmes troupes errantes de saltimbanques.
Du théâtre, on retrouve les masques, les décors, les costumes. Du cirque, les tenues exubérantes, les fouets, les animaux... Mais Valeria aime brouiller les pistes. Elle nous propose des mises en scène d'un monde d'une inquiétante étrangeté, des visions nées d'une idée, d'une fulgurance à partir desquelles tout s'organise.
De grandes figures centrales, le plus souvent un couple ("L'amour est toujours au centre", dit-elle), semblent, comme les saints, avoir un attribut propre qui les définit et les rend identifiables. Elles semblent figées dans des attitudes qui sèment le doute sur leur propre activité. Un spectacle fait de scènes improbables, un théâtre de l'absurde où le regard est attiré dans un premier temps par ces grands personnages. Mais rapidement, des petits objets insolites détournent notre attention. Que sont ces figurines ? Qu'apportent-elles à la scène centrale ? Que racontent-elles que n'arrivent pas à dire les grands personnages ?
Par leur présence, elles introduisent une complexité. Un récit se dessine dont l'auteur elle-même n'en comprend qu'une partie. Le sens se dévoilera plus tard... Ou pas, ou à quelques uns. On devine qu'il y aura ensuite des choses à creuser tranquillement. Comme dit van Gogh, les tableaux ont besoin d'être regardés longtemps.
Ces objets rajoutés ont été glanés au gré de sa fantaisie, de ses intuitions ou de ses rencontres. Au besoin, tout comme Monet composait son jardin, ses mares à nymphéas pour pouvoir ensuite les peindre, elle les fabrique, tel ce masque africain réalisé d'après modèle, ou ce personnage issu de la commedia dell'arte.

Ses tableaux sont composés de multiples références car Valeria veut dire beaucoup de choses en même temps. Pour dépasser la lecture a priori, elle évoque sa nécessité de trouver autre chose que le langage rationnel pour l'aider à comprendre ses problèmes, à se comprendre : "Grâce à mon langage symbolique, j'arrive à parler à mon intériorité".
Cet autre discours lui permet de voir ce que la rationalité n'arrive pas à saisir, une connaissance inconsciente au delà des savoirs. Chacune de ses peintures constitue une tentative de réponse aux questions qu'elle se pose.

Son œuvre apparaît comme une autofiction théâtralisée où elle met en scène ses émotions, ses sentiments, ses idées, ses désirs peut-être... En inventant des symboles inconnus, en ouvrant des fenêtres improbables sur des coins de ciel ou de paysages, elle construit un univers particulier, énigmatique, indicible.
Ses peintures prennent l'allure de cartes d'un tarot original où les figures reposent souvent sur un sol à carreaux. Le carré c'est la rigueur, l'univers rationnel noir et blanc, positif et négatif, et l'être humain, la part variable, équivoque, toujours remise en question, qui cherche sa place et en même temps un sol stable pour poser ses pieds.
Chaque tableau raconte une histoire où elle exprime ses sentiments et idées. Une façon de rendre compte de sa vie en la sublimant.

Pour cela, Valeria met en scène sa famille, ses amis, réellement, pratiquement, dans son salon, d'abord elle les photographie, les dessine, puis les couleurs sont ajoutées. La construction en triptyque lui laisse la liberté d'interchanger les positions de ses personnages, de laisser ouverts de nouveaux assemblages.

On retrouve dans l'œuvre de Valeria des thèmes oniriques, surréalistes, voire hyperréalistes : Ucello, Magritte, Dali, Escher sont convoqués pour leurs évidences incertaines, leurs troublantes perspectives, leurs géométries trafiquées qui veulent nous faire croire que tout se tient alors que les lois sont fausses, injustes, que l'homme est incomplet, mortel et soumis.
Restent la dérision, l'ironie, le regard amusé sur soi et sur les autres : dompteur dompté, nudités habillées, échecs réussis, des errances utiles...

 

 


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